Catherine Estrade
  



                                       Hormis

   
Tout s’étire
Fission du réel jusqu’à la substance éthérée de l’infini
Rien n’était écrit et tout chavire brise l’élan partir fuir
 
Au cri de l’impensable se figent
nos désirs
il n’y a pas d’espoir parce qu’il n’y en a jamais eu
les chimères s’effilent
et s’hasardent à rejoindre l’étoile fuyante
 
Tous mornes tous cruels
Homme blessé blessant
seul
brisé sur les lames étanches
aux portes des silences des rivières crasseuses
des charniers des fumées toxiques
des moiteurs insoutenables
des corps en mer
des corps et la neige tombe
 
 
Et la vie
douloureuse celle des combats confisqués
arrachée aux fêlures de nos impossibilités
par la furie du pouvoir
abattue
un arbre sur la chaussée
un enfant dans un fossé
 
Monarques plastiques
Tyran équarrisseur
 
Et nous
Hormis
impuissants
Nous sommes