Consonances et Dissonances

par Serge Gentil

 
Il y a les intervalles qui séparent au minimum deux notes. Par exemple si je passe de do à ré alternativement je produis un intervalle de seconde majeure ascendant puis descendant c’est ce qu’on appelle l’aspect horizontal d’une mélodie ou d’une monodie.
Si je fais entendre do et ré en même temps me voilà toujours avec le même intervalle mais avec l’aspect vertical de la musique. C’est là qu’interviennent les conceptions de consonances et dissonances
Au préalable voyons sans détailler cet aspect comment sont nommés ces différents intervalles qui séparent deux notes :
  • Unisson                                                          deux notes identiques 
  • Seconde mineur                                           deux notes séparées d’un demi ton (do   ré- bémol)
  • Seconde majeur                                            un ton (do ré)
  • Tierce mineur                                                un ton et demi (do mi- bémol)
  • Tierce majeur                                                deux tons  (do mi)
  • Quarte juste                                                  deux tons et demi (do fa)
  • Quarte augmentée ou quinte diminuée trois tons, le fameux triton, (do fa#) ou (do sol- bémol)
  • Quinte juste                                                   trois tons et demi       (do sol)
  • Quinte augmentée   quatre tons (do sol#) ou sixte mineur (do la-bémol)
  • Sixte majeur                                                  quatre ton et demi (do  la)
  • Septième mineur                                           cinq tons  (do si-bémol)
  • Septième majeur                                           cinq tons et demi (do si)
  • Octave                                                            six tons (do do)
  • Intervalle redouble neuvième mineur  etc….
Les exemples prennent toujours la gamme de do majeur comme référence pour des raisons pratiques mais bien évidemment tout ceci est transposable dans les douze tonalités.
Un peu d’acoustique pour nos oreilles effarouchées
En faisant des recherches sur les phénomènes acoustiques on s’aperçoit de l’énorme complexité qui règne aux portes de nos oreilles. Avec l’exemple sonore en lien ci-dessous nous pouvons entendre simultanément une note fixe do et une autre qui évolue passant par des consonances et des dissonances.


expérience directe : http://patrice.bailhache.free.fr/sons/helmholtz/Gdo262-Ddo262-do523-scie-60s.mp3
 
En musique, un harmonique est un composant à part entière d’un son musical. Il s’agit d’une fréquence multiple de la fréquence fondamentale. Parlons de la série harmonique que produit une note.
Exemple visuel ici : https://www.youtube.com/watch?v=sPOLR60ADs8
La fréquence fondamentale, est la fréquence du premier harmonique du son considéré. Harmonique 1 ou harmonique fondamental. La note que l’on entend est l’harmonique qui a la plus grande intensité et c’est souvent la plus grave. Certains sons peuvent tromper l’oreille, un harmonique aigu pouvant s’entendre plus que la fondamentale et la cacher.

En montant du grave à l’aigu l’ordre des harmoniques se présente ainsi :
 
Do(rang1) sol(rang6)                  fa#(rang11)
do (rang2) si-bémol(rang7) sol(rang12)
sol(rang3)                 do(rang8) la(rang13)
do(rang4) ré(rang9) si-bémol(rang14)
mi(rang5) mi(rang10) si(rang15)

….et encore de plus en plus serré
 
Observons dans quel ordre apparaissent les harmoniques et comparons aux intervalles du début. Retrouvons également quelques gammes et accords au passage.
 
Les sensations auditives (n’oublions pas que tout ça reste sensuel malgré les apparences) que vont produire ces mélanges combinés d’harmoniques vont créer des frottements plus ou moins forts entre les fréquences. Deux notes auront plus ou moins de fréquences communes dans leurs harmoniques.
Les premières harmoniques qui se dégagent d’une note sont l’octave et la quinte puis la quarte. Dans la musique médiévale occidentale ce sont ces intervalles qui sont employés comme étant consonants. Une exception vient de l’Angleterre  où dès le XII siècle, on employait des intervalles de sixtes et de tierces, procédé appelé gymel*, équivalent anglais de l’organum*.
De nombreuses classifications ont existé pour attribuer une qualité aux consonances et dissonances. En voici un exemple
CONSONANCES :
Parfaites : unisson, octave
Moyennes : quinte, quarte
Imparfaites : tierce majeure, tierce mineure
DISSONNANCES :
Imparfaites : sixte majeure, septième mineure
Moyennes : seconde majeure, sixte mineure
Parfaites : septième majeure, seconde mineure, quarte augmentée(le fameux « diabolus in musica »)
La musique se déroulant dans le mouvement temporel. On imagine bien qu’il doit se passer des choses extraordinaires quand on passe d’une qualité d’intervalle à une autre. Pour exemple imaginez une grosse dissonance qui se dirige vers une consonance parfaite. Et imaginez encore la palette de couleurs que peuvent offrir les différentes combinaisons possibles. De là découle une certaine relativité pour la perception des dissonances et consonances. Mais visiblement tout le monde semble assez d’accord, ah ah ah ! En ce qui concerne l’unisson la quinte et l’octave. Après ça se complique un peu. C’est comme le goût des épices.
 
  • organum.          
Mouvement parallèles des voix. A partir du IXème siècle, la polyphonie savante occidentale se développe avec l’invention de l’organum. Il ajoute au plain-chant une seconde voix parallèle. C’est le premier accompagnement au sens moderne du terme. Ce genre se généralise autour du XIe et XIIe. Il comporte deux parties.
 
  • - La « vox principalis » est la voix principale. Elle repose sur un fragment de mélodie grégorienne et est placée en haut, du moins, au cours des premiers siècles.
 
  • - La « vox organalis » est la voix organale, ajoutée à la voix principale pour la soutenir et l’enrichir.
 
  • Les deux parties sont séparées soigneusement. Consonances parfaites et parallèles obligées : quarte ou quinte et octave justes exclusivement. Parce que le système pythagoricien définit l’unisson, la quarte, la quinte et l’octave mathématiquement justes et harmonieuses, les Anciens du haut moyen-Age considèrent les autres intervalles (secondes, tierces) comme dissonants. Toutefois, pour garantir l’impression de consonance au début et à la fin, il est d’usage de partir de l’unisson et d’y retourner pour conclure.
 
  • Conjointement, apparait également le bourdon. Comme la grosse cloche au son grave, la voix du bourdon vibre toujours sur la même note basse, et forment un accord continu avec la mélodie du plain-chant.
 
  • Le gymel (gemellum).Chant à deux voix dont la seconde accompagne à la tierce inférieure ou supérieure le thème donné par la première. Les deux voix doivent conclure en se rejoignant à l’unisson par mouvement contraire. C’est en quelque sorte le pendant de l’organum, mais constitué d’intervalles considérés comme dissonants. Ce procédé du gymel semble être à l’origine de l’introduction des tierces et des sixtes dans la polyphonie occidentale.
 
Sources :
Joëlle KUCZYNSKI
Claude Abromont

                         Voici un premier exemple illustrant des intervalles plus petits que le demi ton.
                         Merci à Léo, Sector 9000 sur soundcloud.                         Vous pouvez visiter sa page en cliquant sur le widget.
 

                        Une deuxième exemple illustrant le mouvement des intervalles entre dissonances et consonnances.
                        Ici c'est on va plutôt de la dissonance vers la consonnance