Jean-Louis Van Durme                                                                             Accueil

 
 

Du glaive à la tempête


 
Permets-moi
d’admirer ta beauté.

D’en
fixer les contours,
et de défier le temps.

Permets-moi
ce supplice.

Cette soif
de connaissance.

Et promets-moi
de n’en souffler mot à la réalité.

*

Permets-moi
l’infini.

Habité
d’innocence.

Protégé
des regrets.

Et fais-moi violence.

Jusqu’au
son de ta voix.

Et
jusqu’à
l’introuvable,
permets-moi de rester.

*

Promets-moi
le pouvoir.

Dissous
dans la tristesse.

Au règne
solitaire, vacillant, délaissé.

Aux silences
effleurés.

Et
même
si je t’adore.

Permets-moi
de te vivre,
sans jamais n'en douter.

*

Rappelle-moi
le danger.

Et même
si je me trompe,
empêche-moi d’échouer.

De tomber
dans l’absence.

Et même
si les temps changent,
promets-moi un adieu que je puisse pleurer.

Que
je puisse
en douceur.

Au
milieu
de la scène,
simuler l’illusion.

Quitte
à tomber
en cendres,
dévêtu de passion.

Du passé
qui me ronge,
promets-moi l’équité.

*

À toi
sans le savoir.

Au
glaive
la tempête
et le contraire du vent.

À moi
l’épi fidèle.

Suspendu au soleil.

Et
même
si je me trompe,
à la hache du temps.

*

Et tailler
dans un mot
tout ce que j’aime de toi.

Cerclé
de nouveaux vers
qui n’attendent que ça.

Pour
que brille.

Ne
serait-ce
qu’en pensée.

Ne
serait-ce, tu vois.

Le
cristal délicat
du souffle de ta voix.

*

Promets-moi
d’implorer.

De jouir
de tes lèvres.

Jusqu’à les entrouvrir.

Permets-moi
d’accéder.

Selon
ta volonté.

Promets-moi l’intérieur.

*

Du
glaive
à la tempête.

Tous les vents sont bénis.

Que s'en aille le rêve.

Et même
si s’aimer tard,
ne dépend que d’envie.

*

Permets-moi
tout l’amour.

Ta peau réconfortante.

Nue,
blanche
et dans nos nuits.

De mendier jusqu’au lit.

Promets-moi
jusqu’au bout.

Du passé,
revenir.

Et d’enchaîner encore.

Jusqu’à
bien trop en dire.

Dusses-tu le reprocher.

Promets-moi
l’océan.

Et remercie mes larmes.

Pour
avoir consenti
aux rafales sans vent.

Aux
vagues polygames,
aux presqu’îles impossibles.

Et pour
d’autres raisons
de moins en moins visibles.

Garde
en toi d’admirer.

Garde en toi
cet espace que personne ne vide.

Et
jusqu’à le remplir,
dusses-tu nous partager.

Permets-moi
de l’écrire.

Aux verbes enlacés.

*

Permets à cette image.

À ce phare insistant,
de protéger nos vies des atteintes de l’eau.

Du
glaive
ou par tempête.

En mer il faut du temps.

Par
trop froide
ou trop faible.

Il nous faudra du cran.

Pour que
naisse à nouveau.

D’un désert une terre.

De
peiner
quoique taire
en son sein fût à même
de dire la vérité jusqu’à crier je t’aime.

© 2023


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