La chronique de Emmanuel Normant



                   Une EXCELente chronique - Onglet 3




 
24 janvier Heure Descriptif général Remarques particulières Action engagée Effet déclenché
par l'action engagée
Forrest Street tôt Congestionnée de bourrelets neigeux. La pente de plus petit enneigement est sinusoïdale. On gare au mieux. On ne peut plus ouvrir la portière, rapport à la congère. On déchire la fatigue de combat en tentant une sortie ridicule et contorsionnée. On note: se garer dans l'autre sens. La prochaine fois. Dans un geste maladroit, on explose le rétroviseur avec la crosse du FAMAS. On note: un crétin d'usager a pété le retro. On est très énervé. Si l'autre mongol se pointe, tout ce qu'il va gagner sera un troisième œil. De 38mm, bien rond. On opine : pareil pour les clebs.
driveway bientôt Gris dans l'ensemble. Des petits impacts de cochonneries marronnasses projetées par les usagers - les crétins d'usagers - maculent les flancs ventrus de la congère. Une trace de pneu énorme a mâchouillé le bord de ladite congère Une nouvelle affaire. V'la que ça recommence. Des traces molles, boudinées, serpentent de la rue jusqu'au portail. Elles s'y arrêtent et s'évaporent. Question : Mais Ouess qu'y sont ? Réponses probables : Un passage souterrain sous le panneau de basket. Un cadavre nu et violet sous le deck. Les traces se séparent à mi-chemin du driveway. Ils étaient donc plusieurs? L'un d'eux s'est dirigé vers la façade. Pour faire pipi? On comprend rien. On retire avec circonspection le casque de combat pour gratter la tête. Des pellicules saupoudrent les barrettes d'officier. On regrette ce shampoing Oil of Olaz cheveux gras et pellicules au prix exorbitant. On photographie les indices. On est pharmacien : On goutte. La neige, le magnolia. On décèle aisément un gout de magnolia. Et de fioul. L'homme aux semelles boudinées se serait immolé ? Ça colle avec l'absence de traces de retour. Pour protester contre le prix du fioul? Parce qu'un nègre est président? On trace soigneusement une marge au Bic rouge sur le calepin de service. A gauche les questions. A droite les réponses. On aurait dû laisser plus de place sur la gauche.  L'affaire est claire: 1 - Un type dans le camion du salaire de la peur pile brusquement devant le château. 2 - avec un godet de fioul (4cm3 pour remplir jusqu'en haut) il se dirige vers le rempart nord. 3 - Nimbé d'un halo verdâtre Francois Truffaut, jouant du pipeau, lui sourit de loin. 4 - Cet homme est surmené : Il renverse le godet sur sa tête et allume son briquet. On reconnait: Celle-là c'était fastoche.
Rez de Chaussee tard C'est Versailles. Tout ce qui est en état d'être allumé l'est. Cela inclut l'ORPA Normant. Le thermostat indique 55F. Y'a un petit malin qui fait le guignol avec tous les boutons. Ça commence à m'chauffer. On se sent un peu débordé. L'ordre et son représentant sont bafoués, ridiculisés. On suppute : Qui c'est qui commande ici ? On ne se laisse pas faire. No pasaran. On remet le thermostat à 60F. On oblitère le bouton d'un gros sparadrap orange utilisé à Guantanamo pour faire taire ces cochons de talibans quand on les saigne. C'est très efficace, mais ça pose un problème pour les aveux. Rapport aux lèvres décomposées et à leur langue grande maintenant comme un timbre-poste. "Beubahmmm" tu parles si ça fait bien dans un rapport. On sourit: l'armée américaine, elle aussi, a ses petits soucis d'intendance. Le sparadrap s'agite tout seul. Une coulure de néoprène à l'hypochlorite de cadmium suinte sur le mur, désintégrant la peinture dans une légère fumerolle nauséabonde. On ne goute pas. On n'aimerait pas être un taliban à Guantanamo.
Chaudière très tard Ronronnement régulier et familier. Ça. C'est pas une Ford. On a sa fierté. On consigne - pour la troisième fois - l'installation d'un boitier "water safeGuard" qu'un civil (que dis-je un civil, un plombier) nie avoir installé. On est confiant: un coup de sparadrap orange aura tôt fait de lui délier la langue. On dispose une taupe - naan pas une vraie - une minuscule webcam qui fixe avec hébétude la chaudière. On dit (in petto) : attend mon con, faut pas prendre l'Armée Française pour une tarée. On fait courir une fibre optique de la camera jusque dans le salon, en perçant - soigneusement - un orifice dans le plafond de la cave. On regrette d'avoir oublié la chignole, mais on agrée : Le gros marteau sur l'établi sera parfait. On aperçoit beaucoup moins les pellicules sur les barrettes d'officier. Elles sont dissimulées sous le tas de gravats engendre par le percement, délicat mais nécessaire, du plafond de la cave. Dans le salon l'ordre règne. Le bar est de mieux en mieux rangé. Il n'y a plus que trois bouteilles à aligner. C'est nettement plus facile. On geint: La caméra renvoie une image très sombre. Complètement noire pour tout dire. On joint le PC : fourniture en urgence d'une webcam infrarouge pour le Château. On escompte : Les techniciens arrangeront le coup. C'est pas des billes.
Etage en retard C’est Noel. Un shoote du 110V a allumé toutes - toutes - les lumières. On n’est pas du tout d'humeur à prendre en main une nouvelle affaire. Le Château? Un lupanar ? Des orgies, pornographiques et décadentes? Avec les peluches d'Anatole? C'est immonde. On n'ose y croire. On finit le Pauillac. On place une nouvelle camera sur chaque palier en défonçant les parquets à coups de masse. Le bureau du salon ressemble au centre de contrôle de la NASA à Houston. On ricane : Ils sont faits comme des rats. Allo allo ? Tinlinlin tinlinlin, De fennec à coyote, je répète de fennec à coyote, crrrrrsh, il faudra nettoyer les gravats, je répète, tinlinlin, il faudra nettoyer les gravats.
robinets pétard perinde ac cadaver La vie d'un robinet est somme toute assez chiante. On se révolte : Mais assez avec ces robinets! On va pas passer sa vie à triturer des robinets tous les samedis matins dans une grande maison vide. C'est ridicule. On refuse de se soumettre à la torture du robinet. On noie sa culpabilité dans un Côtes-du-Rhône des plus décent. Un immense sentiment de culpabilité submerge soudainement l'ORPA Normant. Un élément responsable et gradé de L'Armée Française commet un travail de bougnoule. On pleure. On se précipite sur tous les robinets, dans un accès de ferveur patriotique. On les ouvre, on les ferme, on rit, on pleure, on trépigne, on se défonce la gueule au Nuits-Saint-Georges et on acquiesce : que la vie est compliquée. Dieu.
extérieur fêtard Silencieux et desert Il faut éviter le débile mental On rampe dans l'escalier, FAMAS au poing. On roule boule sous les rhodos, en arrosant la rue d'une rafale pour couvrir la sortie. Un craquement. Dans la neige jusqu'au cou, on soulève le casque : une jolie jeune femme qui passe sur trottoir et nous regarde. Elle fronce, puis hausse les sourcils. Elle sort son portable. On tire dans le tas.
 
On traine la jolie chose blonde sans avoir l'air de rien sous le deck. Elle sent bon. Elle a des seins moelleux, mais malheureusement un peu perforés. On a bien maintenant une jeune fille désirable, morte, blonde, aux seins moelleux mais perforés, nue et bientôt violette sous le deck. Les choses prennent formes.