Catherine Estrade
                                   
                               
                                    Avant le nuit


 

Les chaos de la route, imaginaires ou prophétiques, les chaos qui s'immiscent entre l'âme et le corps, et bientôt quelque part poser les bleus, les bonheurs, affaiblis par la marque cinglante.

 

Les sinueuses épaisseurs des goudrons, les ornières des chemins, latérites vibrantes de tambours et de sueurs.

 

Les têtes relevées, les pieds dans la poussière, les éminences molles de nos obstinations muettes.

 

Il ne reste que peu de temps avant la nuit.

 

Il faut courir, attraper les rayons, les craquelures des fossés qui défilent. Il faut sourire aux vents porteurs de buissons secs, il faut saisir la pluie, sa boue. Des sécheresses ne restera que la main fermée dans nos « poches trouées ».

 

Et des petits cailloux, des minces escarbilles amoncelés sur la limite, nous ferons des montagnes avant la nuit.

Il faut courir encore, ramper, les bras cerclés de mousses, courir comme on crie, un jet mat et strident sur la bouche.

 

Elle posera les digues entre la route et le reste du monde, elle soufflera les cendres. Il faut courir avant qu'elle ne survienne.

La nuit

 

Robe sombre et valse, sur la piste, même noire, nous reviendrons, construire des édifices à notre gloire.

 

Après la nuit, aussi.