Catherine Estrade






                              A Paul Celan



 
Nous tombons disait Paul
 
Tombons à pic sur la tranche de
nos écailles négligées
tressaillons au moindre trait de crépuscule
étouffons nos pas dans le faire
passant la tête entre les mailles resserrées
 
assourdis de désir dérisoire
 
Nos yeux, nos yeux aveugles au monde, disait Paul
Alors que sa mère s’échouait sur les graviers
 
Les mères qui tombent
Et les cendres n’y feront rien la pluie pleure
Ne reste que la trace de la chute elle-même
 
Perte
 
Nous tombons disait Paul
En l’Oracle télévisuel sacrifice à la raison
vrille
Perdus en l’immensité de l’illusion
accrochés aux barbelés tissu déchiré flottant au vent
 
Perte
 
Nous tombons disait Paul
Nous sommes tombés