Audrey Soulié

                             



C’est des chants qui naissent d’émois fugaces et invisibles,

 

de profundis clamavi

 

                              et sans doute.

 


 

Aussi, les cœurs s’y étagent comme au fil des échelles dansent les pleurs silencieux des équilibristes indicibles, insolents de grâce et de cruauté, pleins d’une tendresse débordante, incontrôlable et largement incompréhensible,


 

de cet amour infini que l’on pourrait avoir pour soi s’il ne fallait bien se détester un tant soit peu, cette compréhension des vies sans mémoire, cette connaissance instinctive et perdue de la douleur, lancinante et perdue,


 

cette fraternité si évidente et dérisoire que les mots n’y touchent pas sans la froisser, cette quête insensée, vieille, pas guérie jamais tout à fait,- et des jouets

 

 


 

                                      des jouets aux ressorts cassés, des pions fragiles au sens du vent et du désir, mécanique absurde de la cruauté des armes, abdiquant sous des phrases dont le sens a fugué au printemps, et personne


 

personne pour les entendre, hormis un dieu absent et père de rien et qui ronge


 

que faire de l’audace et de la volonté les bras ballants battant au vide que faire sinon

prendre le temps


 

le temps de quelques mots le temps de quelques jours à rire au bord des tombes

 


 

   et, toujours, le miracle sans lequel il serait tout à fait

impossible de vivre.


 


 
 

 



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