Audrey Soulié

                             



 



À côté des tournesols rendus inaccessibles par un attroupement qui asphyxie, trône la chaise de Gauguin. Il semble que de cette chaise, révérence parler, tout le monde s'en moque. C'est triste.
 

J'ai une vague idée de la raison pour laquelle ce tableau m'attrape au ventre quand je le regarde. 
 

Alors, je m'en éloigne un peu, suffisamment du moins, et je m'assois au sol pour écrire. On vient me dire gentiment en anglais que c'est interdit (de m'asseoir ou d'écrire ? … de m'asseoir, bon). Alors j'écris debout, très mal. J'écris debout sur une chaise sur laquelle on ne peut pas s'asseoir. 



Parce qu'on ne peut pas. Non. Elle a l'air confortable pourtant, mais non. 

En réalité, ce n'est pas une chaise. 

Pas vraiment. 

Bien sûr. 


 

- Oh ! ne les faites pas lever ! C'est le naufrage...  


 

Dans une pièce qui pourrait tout aussi bien être un champ de fleurs - le tapis bouge vraiment, c'est un fait avéré et observable - l'objet précieux danse lentement - très - sur ses pieds, comme mu par quelque chose qui pourrait être une âme - mais on ne peut en être sûr. 
 

Au mur - vert - la lumière redouble la bougie allumée, faiblarde, oui, mais douce, qui a pris la place de celui qui aurait dû s'asseoir là. 
 

           Et deux livres. 


 

C'est peut-être encore la bible et la joie de vivre. 

C'est peut-être encore lui. Là. Le même, en somme.

Le premier ou le dernier des bergers. 

 

Qui ne s'assoit pas dans cette chaise qui n'en est pas une, qui n'est pas là, qui ne l'est pas encore ou qui ne l'est plus - la flamme vacille mais on voit bien ce qui manque. Parce qu'il n'y a rien de plus réellement artistique que d'aimer les gens

 

 
 


 



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