Audrey Soulié

                             
 
 
 
 
On croit toujours qu’avant de mourir, l’étoile vacille, tremblote un peu, s’épuise, lentement, s’effiloche. Qu’elle essaie, fragile, de subsister encore, encore un peu, de donner encore quelques morceaux d’elle-même, quelques ondes, quelques particules, quelque miracle, quelque vœu exaucé.
 
En fait, non. Elle meurt. Voilà tout.
 
On ne peut pas lui en vouloir : elle est la beauté.
 
D’ailleurs, ce n’est pas vraiment l’étoile qui meurt, c’est autre chose. Tout autre chose.
 
Quand une étoile meurt, sa lumière continue de voyager vers nous. Pendant des millions, des milliards d’années. C’est beaucoup. C’est un cadeau immense. Un don.
 
Ramené à une vie humaine, quand on y réfléchit, c’est presque un effleurement de ce que serait l’infini. La lumière va vite, à la vitesse de la lumière, forcément, environ 300 000km/seconde mais je ne parlerai là ni d’horloge, de train et d’espace-temps, ni de la constante de Planck, encore moins du chat de Schrödinger parce que ne pas ouvrir la boîte serait mourir quand même –mais sans honneur.
 
La lumière va vite, tellement vite qu’on n’en voit ni les ondes, ni les particules, ni rien, aveuglés. La lumière est un mouvement infini qui revient toujours à la même place.
 

 
Et j’aime à savoir, quand je regarde le ciel, que cette étoile, là, fixe, claire, que j’ai toujours connue, mon âme et mon repère, mon lien de funambule, qui brille aussi sereinement que la voix de mamie pouvait tout effacer, n’est qu’un chaos gigantesque de bribes morcelées lancées à tout allure et toujours en qui vive.
 
Et je m’endors dans un sourire.
 


 








Écriture 







"J'apprends à voir. (...) 
J'ai un intérieur que j'ignorais. 
Tout y va désormais. 
Je ne sais pas ce qui s'y passe."

 
R.M.Rilke.
 


Musique