Remy Felgeirolles                                                             
                                    



 
Été   
 
Rythme clair écrit
Par les faux aiguisées de soleil,
Geste qui luit
Comme un rayon vermeil
Sur les exhalaisons
Des herbes qu’on mutile.
Et l’odeur monte comme une oraison
Vers la voûte qui rutile
 
Gonflement de chair
Remplie du suc des grandes chaleurs,
Chute dans l’air
Des fruits comme des pleurs,
Sur le vol bourdonnant
Des guêpes qui se grisent.
Et va, la lumière s’abandonnant
Vers la terre qui s’épuise.
 
Langueur attiédie
Des repos nostalgiques et lourds ;
Soir engourdi
Sur un reste de jour ;
Dans le vent qui  se plaint        
L’amour qui s’effiloche
Tout doucement, comme un reflet, s’éteint
Vers l’automne qui s’approche.

 
 
Etreinte 1   
 

Quand le vent va, vivant
Dévorant,
Quand la nuit roucoule, saoule
La nuit liquide
Quand le ruisseau frétille, malin,
Le ruisseau fougueux,
Alors les cerisiers font les fous
Et se collent du blanc partout
Et les pêchers du rose,
Et du rouge sur tes joues, du désir sur tes lèvres
Et ma bouche sur ton cou
Et mes mains sur ta fièvre.
 
Quand le soleil crie, brûlant,
Le soleil cruel,
Quand le jour éclate, bleu
Le jour cinglant
Quand la terre s’ouvre, chaude,
La terre griffée
Alors les marronniers se mettent en boule
Et ronronnent comme des matous,
Et les peupliers se dressent
Et le cerne sous tes yeux, le vertige dans tes reins
Et ma main dans tes cheveux
Et ma tête sur tes seins.
 
Quand la tempête s’apaise, épuisée,
La tempête mourante,
Quand le volcan retombe, vidé
Le volcan vaincu ,
Quand la vague se tait, frissonnante,
La vague murmurante,
Alors les magnolias se parfument,
Et se mettent à soupirer
Et les hortensias s’endorment,
Et l’odeur de ta peau, et ton corps abandonné,
Et mon souffle sur tes mots
Et nos mains liées.