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Traduction de l'interview 
Pour écouter l'interview de David en VO , allez sur Radio Zinc

et quelques morceaux choisis
 

1)Depuis combien de temps faites-vous de la musique

Mon père m’a acheté ma première guitare quand j’avais 9 ans, c’était une Giannini, une guitare acoustique italienne avec une drôle de forme. J’en suis tombé complètement amoureux, pendant environ un mois. Et puis le Fa s’est mis à mal marcher, le premier fret, la première note bâtarde, et je ne pouvais plus arriver à jouer correctement. Donc j’ai mis la guitare au placard et je ne l’ai pas ressortie avant que j’ai environ 13 ans. J’ai commencé à m’entraîner et à jouer dans les clubs folks du coin, je faisais juste l’instrumental de mes héros de l’époque, qui sont toujours mes héros, des gens comme John Martyn…avec qui j’ai pu jouer quelques fois…jouer avec ?? Putain !.. Jouer au même niveau que lui…Ça, ça aurait été bien… Ouais, Gordon Giltrap, Davy Graham, Bert Jansch, des gens de ce genre. Et j’ai fait ça jusqu’à ce que j’aille à la faculté d’art. Un joueur de basse m’a approché pour créer un groupe. J’ai dépensé la bourse de ma première année dans une Fender Stratocaster , c’était ma première guitare électrique, on a formé notre groupe, on a commencé à jouer au« London gig circuit », on a vite eu un contrat avec une boîte indépendante, et ensuite on s’est vite séparés, parce qu’on était de la camelote…mais j’ai eu quelques offres de travail derrière la scène, et c’est plus ou moins ce que je fais depuis. Il y a environ 4 ans j’ai commencé à enregistrer mes propres trucs, c’est surtout grâce à un ami qui était à l’école de cinématographie. Il avait fait un film qui avait reçu un financement, et il m’a proposé d’en faire la musique. Les subventions ont été largement diminuées, merci à une diminution du budget du gouvernement dans l’art, bénis soient-ils, mais à ce moment j’avais déjà découvert les joies des stations de travail digitales, et de la liberté qu’elles me donnaient. J’avais travaillé longtemps avec un studio de pubs et je n’ai jamais apprécié la pression financière et par rapport au temps que je sentais peser sur soi…et je n’arrivais pas à croire à toute la liberté qu’une simple installation maison m’a donnée, je ne pouvais pas croire les résultats que j’obtenais, et ce que j’étais capable de faire…Je crois que c’est tout.


2) Avec quel instrument avez-vous accédé à la pratique musicale?

 Le premier groupe dans lequel j’ai joué était un trio, je jouais de la guitare et il y avait un bassiste et un batteur. On a essayé de trouver un chanteur, on a eu quelques auditions hilarantes, mais comme j’écrivais les chansons je trouvais difficile de les faire chanter par quelqu’un d’autre, donc j’ai fini par faire la guitare et le chant. Dans les situations difficiles j’enviais toujours le bassiste, qui avait l’air de s’éclater pendant que j’étais collé au micro pendant tout le show, donc j’ai décidé que je devrais apprendre à jouer de la basse aussi tôt que possible. J’écrivais toujours mes chansons en prenant la basse en compte donc ça me semblait être la chose la plus normale à faire. Je viens d’un foyer d’amateurs de jazz, et quand j’écoutais les trucs Bebop de mon père en étant gamin, même si les grandes lignes avaient l’air d’un OVNI pour moi j’étais subjugué par le bassiste, dans le bon sens bien sûr…le ton, la résonance, la marche, le placement des notes…Je me suis mis à la basse électrique mais j’ai graduellement réalisé qu’il y avait une place que je donnais dans la musique à cette basse à double résonance que j’adorais quand j’étais gosse.
C’est devenu petit à petit l’un des aspects de ce que je fais, et c’est probablement mon instrument préféré. Je pense que, quand on est compositeur, on commence à arrêter de penser à soit comme le joueur d’un instrument particulier et qu’on essaye plutôt de jouer l’instrument qui a un son que l’on veut à un endroit en particulier…ou le faire jouer par quelqu’un d’autre…pour que le morceau devienne ce qu’on veut, plutôt que des instruments qui sont au centre. Je n’aime pas particulièrement écouter les prouesses musicales. Il y a une place pour les performances de virtuoses, mais ça n’est pas dans ma collection musicale. Il y a des virtuoses de goût, ça c’est sûr, des gens comme John Martyn, Peter Green, Miles Davis, et leur génie est dans le placement des notes, pas dans leur technique. Donc c’est plutôt le genre de personnes vers qui je suis attiré. D’autres instruments…Eh bien il y a le saxophone, je ne suis pas un bon joueur de saxo, j’ai un bon timbre mais faire coller ce que je joue avec ce qui est sur la piste est un long et douloureux procédé de montage sonore. Puis il y a le clavier, encore une fois je suis un joueur de clavier très basique, mais je pense que chaque musicien doit un peu connaître le fonctionnement du synthétiseur, c’est une carte de la musique, en gros… C’est quelque chose que j’ai appris sur le tas, je ne pense pas que j’ai un style particulier au clavier, c’est surtout pour moi un moyen d’accéder aux MIDI (Musical Instrument Digital Interface/Instruments de Musique à Interface Digitale). Je sais jouer des Cuivres, c’est le résultat de de plusieurs années passées à jouer dans un très grand groupe Soul, quand je dis très grand je veux dire qu’il y avait souvent plus d’une vingtaine d’entre nous sur scène, huit d’entre eux était des joueurs de cuivres, une poignée de gens très sympas, et on jouait des trucs de Stax et Motown. J’écrivais les partitions de la section des cuivres, donc j’ai fini par comprendre un peu comment ça marchait. J’aime beaucoup écrire des partitions pour les cuivres, même si je le fais à partir d’extraits, c’est très agréable. Je me suis aussi occupé de faire quelques partitions pour des cordes, c’est une autre chose que j’apprécie. Je connais quelques merveilleux joueurs de cordes, de cuivres et je suis très chanceux de connaître ces gens.


 

3) Quelles sont vos influences?

Pour ce qui est de la guitare électrique mon héros est Peter Green. Et je crois que son solo, eh bien c’est plus qu’un solo…la manière dont il grimpe à la moitié de « Man of the World » est le plus beau morceau de guitare que j’ai jamais entendu…il ne m’en faut pas beaucoup mais ça m’émeut à chaque fois que je l’entends. Nile Rodgers, j’ai fait mon hobby d’apprendre tous les riffs et les rythmes que je pouvais trouver de lui. C’est un génie qui semble ne jamais se planter…Je le plagie affreusement dans un morceau de moi intitulé « Carpet Burn », mais j’aime bien considérer ça comme un hommage. Jeff Buckley, j’adore la façon dont il joue des cordes, quand je l’entends je pense quelque chose comme «Ca fait tellement vrai »… Je sais que c’est un peu comme Led Zeppelin, mais il arrive à faire ressortir des sons fantastiques de son instrument. Je pense que Mick Ronson était un guitariste de goût…Lui aussi il grimpe, il fait une remontée dans « Moonage Daydream », la version studio, qui a un effet similaire à Peter Green sur moi. Pour ce qui est de la basse, il y en a trop à mentionner, tous ceux qui ont joué dans les CDs de Jazz de mon père. Et Danny Thompson qui a joué avec John Martyn, et avec Bert Jansch dans Pentangle. Mais, sans aucun doute, ma plus grande influence est John Barry. Je peux me souvenir que quand j’étais très jeune, mon père jouait, et il avait un album de John Barry, et il y avait un morceau appelé « The Adventurer » dessus, que vous vous devez écouter sur You Tube, c’est le morceau de musique le plus cool, et, comme j’étais un gamin qui aimait bien les trucs d’espions, devinez quoi, il y avait tout ce que je voulais dans un morceau de musique dedans. Puis j’ai trouvé d’autres de ses morceaux, le thème de « Amicalement vôtre » (« The Persuaders ») …Oh oui le thème de « Amicalement vôtre »…Il y a un gars sur Sound Cloud qui s’appelle Peter Sep S E P, et il a posté une incroyable version du thème à la guitare classique, vous devriez l’écouter. Oui, donc, le thème de « Amicalement vôtre » et tous les morceaux de James Bond, ça combinait le mystère, la romance et un style de vie apparemment inatteignable, ça m’a accroché quand j’étais enfant et j’en suis resté prisonnier depuis. Pour moi, il y a un lien assez direct entre John Barry et ses contemporains, et mon autre coup de foudre, qui est le trip-hop. Je pense que mon premier contact avec Portishead était d’écouter « Sour Times » qui reprenaient quelques extraits du « Danube Incident » de Lalo Schifrin…Ils ont aussi pris des extraits de quelques superbes morceaux de Isaac Hayes, comme a fait Tricky…Massive Attack utilisait de magnifiques arrangements aux cordes sur des choses comme « Unfinished Sympathy »…Et il y avait un aspect mixage dans ce qu’ils faisaient, donc…Wow, c’était fait pour moi ! J’avais vraiment l’impression que j’avais trouvé une poignée de musiciens qui parlaient le même langage que moi… Et ajoutez à ça quelques rythmes irrésistibles, que demander de plus ?

D’autres influences…Le Surf Guitar, des gens comme Dick Dale, the Shadows, Link Wray…J’adore ce son de guitare et ses associations… J’aime aussi beaucoup les morceaux de films noirs… Je pense que maintenant je vais dresser une sorte de liste, en évitant de vous ennuyer à mort… Angelo Badalamenti…Le gars qui a écrit la bande son de Twin Peaks, que j’apprécie parce qu’i l a l’air d’avoir les mêmes obsessions que moi en matière de références musicales. Tom waits, The Associates, Red Snapper, Santo and Johnny, Brian Wilson et Phil Spector…Géant!

Dub! ...J’ai oublié le Dub Reggae: Sly and Robbie, King Tubby, Lee Scratch Perry…Burt Bacarach, Herb Alpert, de manière générale tout le label 4ad de manière générale… D’excellentes performances au fil des années… Jeff Buckley, Tim Buckley, Dandy Warhols, Bria Jonestown, Massacre, James Brown…Prog Rock, Goran Bregovic, Morricone, John Carpenter, géant ! Mike Oldfield, Phillip Glass…Tous les compositeurs minimalistes…John Adams, Steve Reich…Gorecki, Bach, Prokofiev, Elgar… La guitare Jazz…Ça aussi j’ai failli l’oublier… Wes Montgomery, Kenny Burell, qui est un génie absolu… Puis vous avez Bowie, the Velvets, Iggy Pop…Vous pouvez poursuivre la liste pour toujours…


 

4) Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation musicale?

La réponse courte est aucune. J’ai lu quelques livres, sur les partitions de cuivres et de cordes, et c’est à peu près tout. J’ai eu quelques leçons de guitare sur l’acoustique, ou je jouais dans un coin juste pour trouver un autre endroit où aller. Je pense que mon entraînement musical était le jeu de mon père, mais par osmose. On en revient toujours à lui de nombreuses manières. Sa règle…Eh bien sa règle était de rester « cool », il n’y avait pas de colère dans notre maison, ce qui m’effrayait à l’époque, mais ça m’a épargné les moments d’embarras passés à m’agiter comme un fou. Je crois que c’est resté en moi, pour le meilleur et pour le pire, quand on en vient à la musique il faut que ce soit cool, il faut que ce soit groovy, il faut qu’on soit capable de faire l’amour en l’écoutant…C’était très important pour mon père « C’est ce qui fait la musique »


 

5) Quelle est pour vous la période la plus riche muscalement au cours du 20 et 21ème sicècle?

Je dirais les années 60. Les supers morceaux, les supers films, la super musique pop, la super musique rock. Parfois j’aimerais bien être assez vieux pour avoir vécu pendant que c’était en train de se construire, mais c’est toujours là. Je n’ai jamais été un grand fan des Beatles ou des Rolling Stones… J’adorais les Beach Boys, considérés comme très carrés par mon père. J’aimais, et j’aime toujours la manière dont Brian Wilson combinait les sons pour qu’on ne soit pas sur de quel instrument on écoutait, et quelle harmonie… Je pense que des choses comme « Heroes and Villians » ont eu un vrai effet sur moi, non pas que je sois trop dans les harmonies vocales, mais c’est juste que ce sentiment… Si je devais nommer un single de pop préféré ce serait « Do it again » des Beach Boys, qui avait certains des meilleurs moments de l’histoire dans toute la musique Pop. Les Ronettes « Be my Baby »... J’avais un lecteur de disques portables « Dansette », et un paquet de très vieux singles, l’un d’entre eux était « Pretty Woman » de Roy Orbison… J’ai essayé pendant des années de rugir comme il fait dans ce morceau, je n’ai jamais réussi, super CD mais l’odeur de la Dansette, une fois que les valves ont chauffé, c’est…Wow ! Une odeur très agréable… Les années 90 était géniales aussi… Le Trip-hop, Brit pop, et les références aux années 60. Et j’aimais le mélange des genres, les frontières entre les genres semblaient disparaître, il y avait d’excellentes synthèses qui apparaissaient. Oui, c’était une période très excitante, pour moi en tout cas, j’étais en tournée, je « performais », très excitant…


 

6) Quel est votre rêve le plus fou?

Mon rêve le plus fou ?...Mon rêve le plus fou serait de pouvoir travailler sur le prochain « Ocean » ou « James Bond », mais c’est franchement fou. De manière plus réaliste, continuer à progresser jusqu’au point où je ferais les bandes sons de séries et de films avec un succès grandissant, ça le ferait bien, ouais…J’aimerais bien que ma partenaire Teresa, c’est TPC MUSIC (petit coup de pub) puisse connaître un succès similaire, tout irait pour le mieux comme ça.

 

Extraits musicaux de l'interview:

1) Berlin Stagger
2) Rendez-vous
3) Sociopath thème
4) Nobody leaves me baby
5) Carpet burn
6) Closing credits
7) Moonwalk
8) Mappo
9) Deep inside
10) London gothic
11) Sociopath soundtrack

 
 
 
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