Catherine Estrade



Réminiscences

Il y a eu des solitudes immobiles
Ou la mélancolie
Il y a eu des blessures d’attente
Des portes ajustées aux larmes
 
Il suffit de quelques notes et le sombre s’aiguise
Accablant les bonheurs aux futures présences
Le cri englue le bois des striures de toujours
 
Des pertes de jamais naguère
 
Sur la porte entrouverte maraude encore les frayeurs d’autrefois
Les interdits de toi
Les silences obligés  

 

 
         



















Urbi et orbi

De l’eau perce les étoiles des reflets
Et des reflets je crois au sens
 
Urbi et orbi
 
Appuyée sur la colline
Aux portes des ramages brulants
J’étiole le monde
Je suis posée, dessertie de savoir
Dans l’antre découvert du temps
 
Urbi et orbi
 
Le poète allongé dans la pierre tombale
Le poète mutilé répondra
Aux douleurs aux espoirs
Aux cercles désunis des flammes emmurées
 
Urbi et orbi
 

























Jean

Je suivais le cortège lent dérivant sur les bords de l'incertitude
Les cyprès balayaient la terre de promesses
Alors que là
Au coin des murs
J’entendais se heurter les mémoires les regrets
 
Les hommes
Le regard planté sur les pas
Sur les ombres des corps
Les hommes et les larmes de goutte
Goutte de larmes
Au large plus loin que la vapeur des remords
 
La courbe déchirure de leur poche la bouche tremblante
Et les femmes en secret
Suivantes éperdues les mains tordues vibrantes
 
Quand tout s’est arrêté
Et le vent
Quand tout s’est arrêté
Et la marche
 
Celui qui fût
Au loin
De moi
Celui qui est toujours.


 
































Le vol

Loin sur l’absence et des restes de sel
Des traînées de larmes creusent aux confins des lignes encloses
Le silence et le vent et la mort et la fuite
 
Mais le vol d’un oiseau
 
Tu reçois sur ta peau des oripeaux de toi
Ce que tu crois que tu es
Les bateaux s’entrelacent et la marée s’épuise
 
Mais le vol de l’oiseau
 
J’ai pris dans mes filets
Des rouilles évanescentes et des fissures de bois
Et l’endroit et l’envers de mon âme
 
Et le vol de l’oiseau

 


































                                                     Commentaires ici