Catherine Estrade
 





                            Mon enfant

 

A l’horizon

la courbe de ton front

posé là sur le coton léger

 

je vois dans l'ombre de tes cils

les orages et les nuages bas

quand je dansais

sous la pluie drue sous le vent

 

et j'essaie de mes doigts engourdis

de défaire les nœuds de tes cheveux serrés

tressés de sable et de nims plantés

 

De bissap je mouille tes mémoires sans mémoires

sur l'onde maladroite des gisants

sur le fleuve aberrant

 

J'avale

posant mon visage vieilli

dans tes mains sombres et belles

des restes de verdures de riz de mil épais

 

et de tes yeux

noirs des harmonies des incendies

de tes yeux noirs d'amande en karité

je puise au fond des puits séchés

des dunes

 

je puise

je puise encore

 

jusqu'à laver ma peau

d'eau de tes larmes

 

tu n'étais pas si loin

juste là dans mon ventre

quand j'ai quitté ta terre

pour n'y plus revenir



avec toi

mon enfant

avec toi.